Marathon de Paris : 

Debrief By Julien Villeneau

Schneider Electric Marathon de Paris

Voilà c'est fait, mon premier marathon !  😅 🏅
Autant je n'avais pas de doutes sur ma capacité à le terminer, autant j'ai souvent douté de mon objectif ; parce que j'étais ambitieux. Si tu veux revivre la course version "inside" alors tu peux continuer à lire mon roman ; si ça te fait chier (je te comprends), tu peux zapper le paragraphe et éviter de mettre un "j'aime" (ce sera plus honnête  😉)

⏱ 5h30 : j'ai passé une nuit moyenne. Dormi 4h30 comme un bébé parce que la journée était crevante au Salon du Running. À 3h du mat, plus rien. J'ai bien ri d'avoir des photos et vidéos de Loïc et Hugo en train de données manger à des Daims et faire du cochon pendu à Center Parcs…

Team Aroo à Center Parcs

J'ai aussi eu les encouragements de certains de la Team Aroo. Ce genre de messages personnels sont super touchants, merci à vous du fond du cœur  🙏 ❤ 🖤.

Nicolas et Cédric se lèvent aussi ; manger, s'habiller, tout roule machinalement. 
⏱ 6h45 : c'est l'heure de prendre le métro, on se trompe de sens  😂 c'était la "ferrunade" du jour. Ça détend l'atmosphère et ça permet de relâcher la pression quelques minutes avant la course.

Julien Villeneau Hôtel Belfast for Marathon

⏱ 7h30 : Hôtel Belfast. Compex France nous a réserver un hôtel juste à côté du départ pour faciliter les choses, et c'est vraiment pratique. Vincent y est déjà, très concentré. Nous deux, on va tenter de courir le marathon de Paris ensemble parce que nos niveaux et objectifs sont les mêmes !

⏱ 8h00 : Échauffement, beaucoup de monde dans les rues, avec Vincent on s'isole dans une rue parallèle. Les premières sensations sont très mauvaises pour moi… Je suis engourdi, j'ai chaud et froid en même temps, un léger mal de crâne qui monte… Le corps manifeste son appréhension comme jamais. Je me force malgré tout, hors de question de partir non échauffé.

Marathon Champs Elysees by aroo ocr

⏱ 8h10 : Direction le départ pour 8h25 ; nous avons obtenu le tampon SAS préférentiel. Pour mon premier marathon, je partirais en même temps que les kényans, mais quelques mètres derrière. Bon… je ne les ai pas aperçu au départ… et en course non plus d'ailleurs  😂

⏱ 8h25/Km1 : le pistolet retentit ! C'est parti, ça part vite, très vite. Il faut se freiner à mort et accepter de te faire doubler par des centaines de personnes plus excitées que jamais ! Avec Vincent on essaye de gérer mais malgré tout on passe le premier kilo en 3min53… C'est ouf car nos jambes déroulent et aucune sensation de forcer… En plus, on n'est pas d'accord sur nos montres… La sienne annonce 4'12… Ne jamais écouter les stats des Polar  😂

⏱ Km5 : Vitesse de croisière : OK. Romain est dans notre ligne de mire ; ce n'est pas forcément bon signe pour lui vu l'état de son genou. Mais il semble tenir.

⏱ Km10 : On ramasse Romain, il a mal à son genou. "Lâche pas, tu t'accroches ! Colle toi derrière nous !". Ce qu'il fît…

⏱ Km16 : Vincent commence à se plaindre , ça tire… merde ! Ça craint… Il s'accroche. À ce moment-là, mon marathon de Paris prend une autre tournure. Je me retrouve à devoir emmener 2 copains jusqu'au bout. Intérieurement ça ne me rassure pas vraiment mais là je connais l'endroit, c'est les bois de Vincennes, j'y ai couru 30km il y a 3 semaines, il neigeait même ! Ca me rappelle de belles images. Mon allure est stable : 4'09 sur 3km à la seconde près, c'est top car encore une fois je ne force pas du tout. Mais c'est 3 secondes trop vite…

⏱ Km18 : Vincent accélère par un regain d'énergie, oh bah merde alors ! Je n'ai pas l'impression de ralentir pourtant… Je le laisse prendre quelques mètres d'avance et il le regrettera quelques km plus loin… Ce que je ne sais pas c'est que je ferais la même connerie au 32ème.. inconsciemment…

⏱ Km21,1 : Mi-course, Vincent a lâché je ne peux plus rien pour lui, son marathon prend un autre tournant… Ça fait chier ! Romain, lui, est là ; juste derrière. Il a mal et ça se voit. "Si je passe le 30ème , je vais au bout". Ok Romain, je t'y emmène.

⏱ Km30 : Romain a un peu subi les quais, et ça commence à tirer de mon côté. Les quais de Seine détruisent lentement mais sûrement. L'allure a un peu baissé mais ce n'est pas violent. Je le remotive tant bien que mal, ça grimace sévèrement. On passe 2 ravitos où je lui attrape des bouteilles d'eau pour lui éviter de ralentir et relancer… le panneau 30km passe et on aperçoit Pierre devant nous. Cette course est folle mais belle, je croise tous mes copains de l'aventure !

⏱ Km32 : le fameux. Là je suis dans ma bulle et je rejoins Pierre.. la montre sonne 4'01 ! Oh putain j'ai accéléré sans m'en rendre compte, comme Vincent au 18ème ! C'était un signal que mon corps m'envoyait… mon corps n'est jamais allé aussi loin en distance, et la fatigue est là.. il y a toujours ce petit regain d'énergie avant l'effondrement final. Le corps a trouvé les ultimes sucres pour fournir l'effort que la tête réclame… J'évite le mur mais de peu, faut que ça tienne !

⏱ Km33 : c'est LA montée du parcours. Je n'ai pas peur car c'est mon point fort mais je sens quand même qu'elle casse les pattes. 4'29 à la montre, je l'ai bien encaissé. Par contre Romain n'est plus là… Je ne suis pas trop étonné car son effort jusque-là était déjà fou au vu de sa blessure. Je ne peux plus rien pour lui. Quant à Pierre, il est relancé mentalement ; ça lui a fait du bien de nous voir, il a trouvé un second souffle. J'essaye de m'accrocher à lui mais ça se complique.

 
⏱ Km35 : 2h29 de course => Boulogne. J'ai cramé mes 2 minutes de marge sur l'objectif sub3. Ça craint… Il reste 7km.. c'est quoi 7km sérieux… , 30min.. ça va le faire. Ou pas. Pierre est parti devant, il a bien senti que je rentrais dans le dur. Je lui annonce que ce sera chaud niveau timing pour le sub3, donc il relance. Je ne le reverrais plus. Maintenant je suis seul et je vais passer les pires moments de ma vie. Tu veux toujours repousser tes limites mon pote, va falloir assumer ! Faut-il être con…

La course défile dans ma tête. Du 10ème au 30ème je me rappelle que j'ai pensé à chaque personne de la team Aroo  ❤ 🖤. Je crois en compter 42, c'est drôle non ?! Et puis il y a Pauline et maman Mariyse et papa… Ils seraient tellement fiers de moi si je réussissais… je sais qu'ils sont derrière l'écran à me suivre. Et Mevenig aussi, lui il doit se dire : bah mon gars tu es parti trop vite, je te l'avais dit, tu vas le payer. Pas faux coach… On y arrive…

⏱ Km40 : le mur. Là mon corps a dit stop. Je suis vidé, j'ai bouffé tellement de gels toute la course que mon estomac n'en veut plus, je suis proche de vomir. Je relance sur 100m et je m'écroule sur 300m… Je réessaye 2/3 fois en vain. J'ai subi le mur du marathon, c'est logique pour un premier.. Donc on lance l'opération 100% mental. Et si je marchais ? Je me suis sérieusement posé la question mais j'ai vite compris que si je marchais je ne courrai plus jamais… Et puis, les mots de Loïc résonnent dans ma tête. Chez Aroo, on n'abandonne jamais. Qu'est-ce que tu leur diras à tous si tu as marché ?! Alors j'ai tenu, tenu et tenu encore. Mon allure est passé de 4'30 à 5'20 (pour certains c'est un super chrono, pour moi c'est la déchéance complète)

⏱ Km42 : la délivrance, il reste 195 mètres… les gens applaudissent, comme un gros bourdonnement, ils nous portent jusqu'à cette fichue ligne d'arrivée. Impossible de sprinter, on va se contenter de terminer en courant 'normalement' (j'aurais bientôt la vidéo du finish, vous jugerez par vous-même).

🏁Arrivée : 3h04h28 à ma montre. Soit 1 sec de plus que le temps officiellement retenu, et 58 minutes de plus que les kenyans… L'effort surhumain qu'ils ont dû fournir…

Fais chier, je rate le sub3… de 4min27.. C'est à la fois peu et énorme… Mais je ne suis pas déçu, ni content d'ailleurs. J'ai juste mal aux chevilles et aux pieds ; aux cuisses ? non ça va ; une crampe aux niveaux des omoplates m'arrache un cri, le running n'est pas qu'une question de jambes… Pierre est là, il est proche du sub3 c'est vraiment une super perf', il a fait preuve d'un mental de dingue en fin de course. Romain et Vinc termineront eux aussi à des temps plus loin que ce qu'ils envisageaient : mais ils n'ont pas lâché et sont allés au bout.

La remontée de l'avenue Foch est interminable. Je déambule sans rien capter : une bouteille d'eau, une orange, la médaille, le tee-shirt. Je vois le mot "CRÊPE", je n'en ai même pas envie… pas plus qu'une bière lorsque je vois le mot "BAR"… Le corps est encore sous le choc post-marathon.

🔝 Je rentre dans le club des marathoniens et d'une belle manière à mon goût. Je trouvais ça chiant de l'extérieur, mais finalement je ne me suis jamais ennuyé durant ce marathon. Tout juste 2 ans de course à pied à niveau amateur et un chrono honorable, je ne peux pas être en colère contre moi, ni regretter quoi que ce soit. Je termine 1314ème sur 42484 finishers.

Julien Villeneau Finisher Marathon

Marathon de Paris : 

Le top 1000 visé n'est pas loin mais il m'aurait fallu être sous les 3h. D'ailleurs j'étais dans les 700 premiers jusqu'au 35ème… C'est dire si dans un marathon, tout peut arriver… Et pourtant, j'ai relativement bien sauvé les dégâts.

A l'arrivée, je n'étais pas sur de vouloir repartir un jour sur un marathon. Aujourd'hui je vous confirme que je suis motivé à l'idée d'aller chercher les 4min27 manquantes, voire plus encore avec une bonne prépa. Je sens et je sais que j'en serai capable. Ça ne sera pas cette année, mais pourquoi pas en 2019.
J'avais besoin d'écrire tout cela avant de ranger cette histoire dans le tiroir des souvenirs. C'était et ça restera mon premier marathon de Paris. Celui dont on se rappelle toujours. Je n'ai rien à regretter. J'ai donné tout ce que mon corps pouvait donner. J'ai suivi ma préparation à la lettre sans bobos. J'ai bénéficié d'une aide inestimable de la part de Compex France et d'une préparation professionnelle et maîtrisée du coach Mevenig Rio. L'aventure ne se terminera pas si brutalement ; impossible car j'ai fait des rencontres magnifiques. J'ai vécu des choses uniques. C'était une putain de belle aventure.

Alors MERCI ! Merci à tous d'y avoir contribué à votre manière, vous m'avez porté jusqu'à l'arrivée. Cette victoire sur moi-même, c'est un peu la vôtre aussi  😏 🤗